Sur le marché foisonnant des accessoires, il insuffle une respiration nouvelle. Si les chaussures sont faites pour marcher et les sacs pour emporter avec soi quelques trésors, la fonction première du bijou fantaisie est l'affirmation du moi.
Dans les années 1900, l'inspirateur de cette tendance est René-Jules Lalique, génial et prolifique créateur qui décline un bestiaire fantastique en utilisant des matériaux innovants, le verre, l'émail, le cuir ou la corne. Mais c'est grâce à la manufacture à grande échelle que cet accessoire s'inscrit durablement dans l'histoire de la mode. Pour passer le cap économique indispensable à sa survie, deux femmes visionnaires : Elsa Schiaparelli et Gabrielle "Coco" Chanel.
Le bijou fantaisie est-il un outil de revendication ?
Dans l'après-guerre, ces bijoux accessibles s'apparentent à une petite révolution sociale et l'image de la haute couture s'ouvre au grand public.
"Nous avons tous certainement ce souvenir, enfant, d'un émerveillement devant les bijoux de notre mère ou de nos grands-mères, ils étaient comme des bonbons"
A cette époque Gabrielle Chanel n'a qu'une boutique rue Cambon, ses bijoux bénéficient d'un rayonnement international. À compter de cette période, le phénomène du bijou fantaisie ne cesse de s'amplifier pour atteindre son âge d'or dans les années 80. Loulou de la Falaise est celle qui incarne le mieux cette folie créative. De 1972 à 2002, Yves Saint Laurent lui confie la responsabilité de la maille et des accessoires de sa maison. Chaque année, elle dessine plus de deux mille pièces, des bracelets aux colliers en passant par les chapeaux, elle place alors l'accessoire au cœur du style. Sa définition de ce dernier est bien particulière : "Si vous sortez dîner et que vous n'avez pas le temps de rentrer vous changer, vous pouvez enlever votre veste et mettre un bijou."
Elle conçoit chacune de ses collections autour d'un thème identifiable tel que Les fleurs du mal de Baudelaire, ses propres voyages exotiques ou encore un jardin fleuri à l'anglaise. "À cette période, il y a une explosion du bijou fantaisie avec une véritable impulsion créative. Il devient excessif. Toutes les femmes sortaient avec un bijou fantaisie, c'était un outil de revendication de leur féminité. C'est alors devenu un marché gigantesque et des copies réalisées par les grandes enseignes sont apparues".
Le bijou fantaisie des podiums à la rue
Avec cette industrialisation massive, la pacotille prend progressivement le pas sur la fantaisie originelle. Si la couture conserve toujours un ADN artisanal, les plus grandes enseignes comprennent l'intérêt économique de cet accessoire, allant parfois jusqu'à une vulgarisation massive et une appropriation des formes. Si dans les années 1990 à 2000, la vague du bijou minimaliste accompagne le tsunami commercial du sac et de la chaussure, notre époque marque le retour d'un nouveau souffle créatif.